Les arts traditionnels japonais et le droit d’auteur : les jardins zen

Un jardin zen moderne

Au Japon, le jardin est vu comme une œuvre d’art. La contemplation des jardins est également un élément important du quotidien pour « apaiser son cœur et se retrouver face à soi-même ».

Autour des temples, les jardins sont les mêmes depuis leur construction. Il s’agit d’un patrimoine culturel : un document donne aux jardiniers toutes les instructions pour l’entretenir et le maintenir exactement tel quel. Dans un tel contexte, il est difficile de concevoir que le jardin puisse aujourd’hui encore être protégé par le droit d’auteur.

Jardin zen traditionnel

Les paysagistes modernes ont toutefois plus de liberté : même s’ils respectent toujours l’esthétisme des jardins japonais, ils s’adaptent au goût des propriétaires.

Un maître des jardins a expliqué que la construction d’un jardin est « comme une fiction, chaque arbre a un rôle différent : certains tiennent le rôle principal, d’autres les seconds rôles ; il y a aussi les figurants ». Ainsi les chênes sont réputés pour donner du relief, la mousse est particulièrement choyée, les touches de couleur des feuillages d’automne sont mises en perspective, sans oublier le rôle joué par les carpes koï dans ces représentations souvent métaphoriques du monde.

Pin bonzaïfié

Vu sous cette angle, la question de la protection des jardins par le droit d’auteur semble bien légitime. Elle reçoit pourtant des réponses assez différentes selon les pays dans lesquels elle est abordée, notamment en raison du caractère évolutif et impermanent de l’œuvre formée de matière vivante et évolutive.

Pour ce qui est de la France, un jugement du Tribunal de Grande Instance de Paris a reconnu le bénéfice de la protection aux parterres de broderies du jardin de Vaux-le-Vicomte.

 On peut donc à mon sens considérer qu’un jardin est protégeable au sens du droit d’auteur à partir du moment où l’on retrouve l’empreinte de la personnalité de son auteur, et qu’il n’est ainsi pas qu’une simple mise en œuvre de traditions séculaires, ce qui sera comme bien souvent une question d’appréciation purement factuelle.

Article rédigé par Margerie Véron, auteur du livre « Le droit d’auteur pour les écrivains »